Rhône-Alpes, l’ANPE se mobilise pour les seniors

14 avril 2008
Face à la situation catastrophique de l’emploi senior en France, l’ANPE Rhône-Alpes a commandé une grande étude sur les perceptions et pratiques du travail des quinquas et plus dans 100 grandes entreprises de la région… Dans ce contexte, grâce à la création d’un « réseau senior » au sein de chaque agence, l’ANPE espère établir le lien entre ses 21.100 demandeurs (13,5% du total) et les recruteurs, chez qui les préjugés ont la vie dure.

Ainsi, selon cette grande enquête régionale, « les a priori habituels sur les seniors perdurent dans les perceptions des entreprise sondées qui continuent à penser, malgré les différentes campagnes de communication, que l’âge rime avec difficulté d’adaptation, avec démotivation ou encore immobilisme ». De fait, plus de la moitié (54%) des répondants estime qu’il est plus difficile pour les seniors (par rapport aux autres tranches d’âge) d’être motivé au travail et respectivement 52%, d’être source de solutions innovantes.

Par ailleurs, toujours selon cette étude, « le coût élevé des salaires reste le frein à l’embauche des seniors le plus souvent cité (30%). Bien qu’il ait été démontré que le rapport productivité salaire ne diminue pas avec l’âge (que ce soit dans l’industrie, le commerce ou les services), le coût des salaires ne semble pas, aux yeux des entreprises interrogées, être compensé par la valeur ajoutée de l’expérience ».

En ce qui concerne la motivation, elle est également souvent perçue comme faible parmi les seniors qui, selon les entreprises, semblent souvent vouloir travailler pour répondre à une nécessité alimentaire plus que par envie de s’investir et de se mobiliser dans un projet.

Questionnés sur la valeur ajoutée des seniors, les répondants ont majoritairement souligné leur expertise (46%) mais aussi leur maturité (16%) qui a été exprimée sous différentes formes (sagesse, respect des personnes et du travail, capacité à prendre du recul, crédibilité etc.). Parmi les 80% du panel d’entreprises qui déclarent avoir déjà recruté au moins une personne de plus de 50 ans, 62% attribuent ce choix à la recherche de compétences spécifiques et 23% à la recherche d’aptitudes liées à l’âge telles que la maturité, l’expérience et l’expertise.

Cette enquête souligne également qu’une « grande majorité des entreprises (62%) connaissent des difficultés à l’heure de recruter des profils qu’elles jugent trop rares sur le marché du travail ». A la question « l’entreprise prévoit-elle une pénurie de main d’œuvre pour le futur ? », 47% du panel a répondu oui, en «

dévoilant » ainsi ses craintes sur l’évolution de la main d’œuvre régionale dans les années à venir.

« Des initiatives émergent un peu partout en France pour faire en sorte que les seniors ne soient plus exclus d’un marché du travail qui a pourtant besoin d’eux » remarquent de leur côté Patrick Lescure, directeur régional de l’ANPE Rhône-Alpes et Odile Moinecourt, directeur de Ceforalp. Et de préciser : « ces initiatives, si bonnes soient elles, restent souvent au stade de l’expérience pilote, ne bénéficiant dans les faits qu’à un nombre de personnes très limité. C’est uniquement par les entreprises, par leurs pratiques et par leurs comportements que l’emploi des seniors pourra véritablement devenir un moteur de la croissance économique ». .../...

Grâce aux réponses recueillies à travers un questionnaire complété par 100 acteurs de l’économie de Rhône-Alpes, des pratiques innovantes et des pistes d’action ont pu être identifiées. Et voici donc les principales conclusions et pistes d’action…

Tout d’abord, des entreprises ont souligné que le simple fait de parler des « seniors » est déjà une forme de discrimination ou de marginalisation. A l’heure où de nombreux efforts sont portés sur la lutte contre les différentes formes de ségrégation (sexe, handicap, âge etc.), plusieurs sociétés ont ainsi émis le souhait que la législation, les pouvoirs publics et souvent même les recruteurs arrêtent de stigmatiser l’âge en créant de véritables « castes ». Les entreprises préfèrent aborder les personnes sous l’angle de leurs compétences que celui de leur âge et aimeraient voir disparaître cette ségrégation « cultivée », notamment à travers des campagnes de communication qui marginalisent les seniors.

« Cette position, bien qu’idéale dans un contexte où l’accès au marché du travail ne poserait pas de problèmes pour certaines catégories de la population, est difficile à adopter puisque l’éviction des seniors du monde professionnel est une réalité contre laquelle il est difficile de lutter sans la nommer… » remarquent les auteurs de cette étude. « Peut-être serait-il intéressant de travailler sur des actions de communication qui permettraient de trouver un équilibre en permettant de mettre en valeur les seniors du point de vue de leurs compétences spécifiques (acquis de l’expérience, expertise, maturité etc.) sans pour autant les marginaliser » ajoutent-ils.

Par ailleurs, le manque de motivation des salariés seniors reste la problématique la plus souvent exprimée par les entreprises sondées à travers cette enquête. Elles sont nombreuses à penser qu’avec l’âge, les personnes ne désirent plus s’investir dans une mission ou sur un poste et qu’elles ne s’y soumettent que sous une certaine forme de contrainte financière, afin de subvenir à leurs besoins.



Recommander cette page


Seniors du Monde.fr, un autre regard sur les seniors...