Impacts de l'environnement sur la santé

La stérilité masculine augmente de 1,5% par an!

Mais les impacts de la chimie moderne et de la pollution ne sont pas les seules causes de morbidité et de mortalité lorsqu'il s'agit d'évaluer les interactions entre l'environnement et la santé. Si aujourd'hui les maladies bactériennes sont mieux maitrisées dans les pays riches grâce aux antibiotiques, encore que la montée des résistances des germes pathogènes à ces antibiotiques soit des plus inquiétantes, c'est aux nouvelles pathologies citées plus haut que doit s'atteler désormais la médecine. Or ces pathologies ont souvent des causes multifactorielles subtiles, difficilement décelables, où il n'est plus possible comme dans les pathologies bactériennes de mettre en relation directe une cause, c'est-à-dire une bactérie et un effet en l'occurrence une maladie bien typée et localisée. C'est donc de toutes nouvelles approches qui doivent être envisagées désormais en matière de pathologies liées à l'émergence de ce nouveau paradigme : des maladies produites par l'environnement et non plus par des germes pathogènes.

Toutefois dans les pays du Sud, les pathologies bactériennes restent fort menaçantes, véhiculées par la pollution de l'eau à laquelle on attribue de 7 à 10 millions de morts chaque année. Avant même que le terme de pollution n'ait acquis le sens qu'on lui confère aujourd'hui, les cours d'hygiène mettaient en exergue les dangers de l'eau contaminée.
Dans un tout autre ordre d'idée, le réchauffement climatique aura sans doute des impacts redoutables sur la santé comme on l'a vu lors de la canicule de 2003 qui a emporté près de 15 000 personnes en France. De tels décès prématurés seront à l'avenir inévitables, même si, avertis par le précédent de 2003, le maximum de précautions seront prises. Il faudra aussi compter sur les victimes des sècheresses, de cyclones, des inondations ou des glissements de terrains liés à la multiplication et l'amplification des catastrophes météorologiques consécutives au réchauffement qui s'annonce.

Le bruit a toujours été une nuisance majeure, souvent insupportable, déclenchant des phobies lorsqu'il s'agit de bruits intenses ou répétitifs. Mais de nouvelles menaces se profilent désormais avec l'usage des baladeurs et la fréquentation des discothèques ou les flux de décibels mettent à mal l'audition des jeunes, ce que dénoncent avec véhémence les spécialistes de l'audition. Allons-nous du fait de la musique qui braille vers des surdités précoces ? La question mérite d'être posée.

Enfin pour être complet, il convient d'évoquer l'impact de ce qu'il est convenu d'appeler les nouvelles technologies de la communication. On sait les polémiques qui accompagnèrent l'irruption brutale du téléphone portable. Il faudra des années pour savoir si oui ou non des risques de tumeurs du cerveau peuvent être mis en évidence car les cancers sont longs à se manifester. Mais on sait déjà que ces instruments doivent être utilisés avec parcimonie par les enfants ce qui malheureusement n'est nullement le cas. On sait aussi qu'il est imprudent de les utiliser dans un TGV où l'engin doit sans cesse

se brancher sur une autre antenne relais et pour cela déployer une puissance maximale dont les effets sont suspectés. On connaît aussi la polémique concernant les antennes-relais et plus généralement le rayonnement électromagnétique émis par de nombreux objets symboles de la modernité (four à microondes et écrans divers). Ont-ils un impact sur notre santé ? Il est encore trop tôt pour le dire puisque nous sommes en ce domaine en pleine controverse. On aimerait que ces controverses scientifiques se déploient avec sérénité et objectivité malgré les pressions exercées par les grands lobbies. Or dans ce domaine n'existe aucun véritable débat contrairement à ce qui concerne les biotechnologies dont on débat à l'infini des éventuels effets négatifs sur l'environnement et la santé (pour les OGM notamment).

Ces quelques réflexions nécessairement sommaires montrent combien les modifications de notre environnement au cours des dernières décennies entraînent des conséquences sanitaires qui commencent seulement à être mises en évidence et évaluées. Certes l'espérance moyenne de vie continue d'augmenter dans les pays occidentaux, mais jusqu'à quand ? La progression de l'obésité, liée à une suralimentation et à une sédentarité accrue, la montée continue des cancers malgré des efforts louables de dépistage mais sans que les problèmes de prévention ne soient vraiment pris en compte avec tout le sérieux qui s'imposerait, la remontée des maladies bactériennes liée aux résistances acquises aux antibiotiques et enfin le risque de nouvelles maladies virales risque tôt ou tard de contrebalancer des effets positifs liés au recul de la mortalité infantile, au développement de la prévention en matière d'alcool, de tabac, d'accidents de la route et surtout aux progrès fulgurants de la médecine. Mais il est certes plus facile de chasser le tabac des lieux publics ou de faire la chasse aux délinquants routiers qu'il ne l'est de chasser de notre environnement les multiples causes de pathologies qui viennent d'être évoquées. Une tâche où l'effort de prévention doit être prioritaire. La mise en œuvre tant attendue du programme REACH est un grand pas en avant dans cette direction. Encore faudrait-il qu'il en soit de même dans l'ensemble des problématiques sommairement évoquées ici. Tel est loin d'être encore le cas. Un immense chemin reste à parcourir, mais la montée en puissance de la conscience écologique et sa prise en compte dans les décisions politiques laisse aujourd'hui mieux augurer de l'avenir qu'il y a encore quelques années, lorsque ces questions étaient considérées comme relevant de l'utopie de quelques marginaux.

Nous savons désormais que l'avenir de nos enfants et de la terre que nous leur lèguerons sera étroitement lié aux précautions que nous prendrons pour promouvoir un environnement de qualité et du même coup la qualité de la vie qui en découlera.
Jean-Marie Pelt, écologue, a fondé l’Institut européen d’écologie à Metz en 1972.
Texte intégral de la communication de Jean-Marie Pelt devant l’Académie des Sciences morales et politiques, prononcée, le 5 février 2007.
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