Allocation supplémentaire d’invalidité : démarches et conditions à connaître

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Homme d'âge moyen souriant en fauteuil au bureau moderne

Un chiffre glacial tombe, sans appel : un bénéficiaire de pension d’invalidité peut voir l’Allocation supplémentaire d’invalidité (ASI) lui passer sous le nez parce que le salaire de son conjoint dépasse d’un cheveu le plafond fixé. Même lorsque le couple survit en dessous du seuil de pauvreté. Et ne comptez pas sur une revalorisation automatique de l’ASI : chaque année, il faut parfois batailler, relancer l’administration pour ne pas tout voir suspendu.

Accéder à cette aide n’a rien d’un parcours balisé. Les conditions s’empilent : âge, résidence stable en France, ressources scrutées à la loupe. L’administration attend un dossier complet, sans quoi le versement peut s’enliser ou être tout bonnement refusé.

L’allocation supplémentaire d’invalidité : à quoi sert-elle et qui peut en bénéficier ?

L’allocation supplémentaire d’invalidité, ou ASI, existe pour venir épauler ceux dont la pension d’invalidité ne suffit pas à couvrir le quotidien. Elle intervient bien avant la retraite, pour éviter la précarité aux personnes frappées d’une invalidité qui les empêche de travailler. Contrairement à l’allocation de solidarité aux personnes âgées, destinée aux retraités, l’ASI s’adresse à celles et ceux encore trop jeunes pour y prétendre. Elle dépend de la caisse d’assurance maladie ou de la mutualité sociale agricole (MSA).

Obtenir l’ASI suppose de remplir plusieurs conditions en même temps : être reconnu en invalidité, toucher une pension spécifique à ce titre et habiter en France de façon stable. L’aide vise donc, entre autres, ceux dont la pension reste trop faible pour garantir un minimum de ressources et qui n’ont pas encore l’âge de basculer vers les dispositifs pour seniors démunis.

Les profils éligibles partagent des caractéristiques précises :

  • Adulte qui n’a pas encore l’âge légal de départ à la retraite et perçoit une pension d’invalidité,
  • Ancien salarié affilié à la caisse d’assurance maladie du régime général,
  • Travailleur agricole dépendant de la MSA.

Tenter de vivre dignement avec une pension d’invalidité toute seule, c’est parfois devoir compter chaque euro, chaque geste. L’ASI propose alors un coup de pouce complémentaire, mais seulement si les ressources du foyer ne dépassent pas le plafond défini. Chaque centime perçu par la personne invalide, son conjoint ou son partenaire pèse dans la balance, pour ajuster le montant ou refuser la demande si le seuil est dépassé.

Conditions d’éligibilité : êtes-vous concerné par l’ASI ?

L’accès à l’allocation supplémentaire d’invalidité est très encadré. Avant tout, il faut toucher une pension d’invalidité délivrée par la sécurité sociale ou la MSA, ce qui suppose une perte de capacité de travail médicalement reconnue.

L’âge agit comme une barrière : l’ASI s’arrête dès que l’on atteint l’âge légal de départ à la retraite. Ensuite, c’est un autre dispositif qui prend le relais. Prendre sa retraite de façon anticipée pour carrière longue ou pour cause d’invalidité ferme aussi la porte à l’ASI.

La stabilité du lieu de vie compte aussi : il faut habiter durablement en France. Une absence prolongée hors du territoire entraîne la suspension de l’aide.

Côté ressources, la règle est claire. Seuls ceux qui, seuls ou en couple, restent sous le plafond annuel fixé pour l’ASI peuvent espérer l’obtenir. Ce seuil change chaque année et se réfère à la situation de chacun.

Enfin, l’ASI est incompatible avec d’autres aides majeures : impossible de la cumuler avec l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou avec l’allocation de solidarité aux personnes âgées citée plus haut. Elle vient donc en soutien quand aucune autre solution sociale ne répond à la situation.

Montant, calcul et versement : ce qu’il faut savoir sur l’ASI au quotidien

Le montant de l’ASI dépend de vos ressources. Pour garantir un minimum à chaque bénéficiaire, la caisse d’assurance maladie ou la MSA ajuste le complément selon votre niveau de vie, sans dépasser le plafond annuel fixé chaque année. En 2024, ce montant peut atteindre 876,19 euros par mois pour une personne seule, 1 529,45 euros pour un couple.

Le calcul prend en compte toutes les ressources perçues : pensions, salaires, rentes, certaines aides, mais seuls les revenus imposables sont considérés,excepté quelques prestations sociales exclues du calcul. Si vos ressources dépassent la limite, tout s’arrête. Restent-elles sous la barre ? L’ASI complète jusqu’au montant garanti.

L’allocation est versée chaque mois en même temps que la pension d’invalidité, directement sur le compte bancaire. Aucune intervention à faire, si ce n’est lors du premier dossier. Particularité non négligeable : l’ASI ne se déclare pas aux impôts sur le revenu.

Toute évolution de vos revenus (hausse, baisse, reprise d’emploi, changement familial…) doit être déclarée rapidement à la caisse d’assurance maladie. Les droits et le montant sont alors recalculés pour coller à la nouvelle situation. Attention, si la notification tarde, l’ajustement ne sera pas rétroactif.

Travailleuse sociale discutant avec une senior dans un bureau lumineux

Quelles démarches entreprendre et à qui s’adresser pour obtenir l’ASI ?

Préparer une demande d’allocation supplémentaire d’invalidité requiert méthode et rigueur. Plusieurs documents sont à rassembler : justificatifs de ressources, dernier avis d’imposition, notification de pension et relevé d’identité bancaire. Le formulaire à remplir, le Cerfa n°10454*02, se télécharge en ligne ou peut être fourni par votre caisse. Le remplir sérieusement reste indispensable, car il conditionne l’instruction de votre dossier.

Selon votre situation, la demande s’adresse à la caisse d’assurance maladie dont vous dépendez (CPAM ou MSA). Les agents contrôlent vos revenus, vos justificatifs, votre état civil et votre éventuelle activité professionnelle. Un seul mot d’ordre : joindre un dossier complet et exact, envoyé soit par courrier, soit déposé en guichet.

Voici la marche à suivre pour mener votre demande jusqu’au bout :

  • Récupérez le formulaire Cerfa spécifique à l’ASI, en version papier ou numérique selon votre préférence.
  • Glissez dans le dossier tous les justificatifs réclamés : ressources et état civil notamment.
  • Adressez le tout à la CPAM ou à la MSA selon votre régime actuel ou passé, par courrier ou sur place.

Une fois le dossier entre les mains de la caisse, la réponse arrive par courrier. Si l’aide est accordée, le versement débute le mois suivant. Signalez toujours sans tarder tout changement de situation : la régularisation dépend de cette réactivité. La procédure n’a rien d’insurmontable mais exige méthode et vigilance jusque dans les moindres détails.

Au final, derrière chaque dossier, il y a souvent une lutte silencieuse pour préserver sa dignité. L’ASI ne résout pas tout, mais elle desserre l’étau pour ceux qui vivent, parfois, juste au-dessus du seuil d’abandon.